Naissance du secteur pétrolier
Rockefeller et la Standard Oil
L'année 1870 fut celle de la création par John D. Rockefeller de la célèbre Standard Oil Company. Par la fédération de petites entreprises, il parvint rapidement à contrôler 90 % du raffinage et du transport américain et à détenir 80 % de la production à la veille de son démembrement. Le monopole de fait de la Standard Oil s'est maintenu pendant près de 35 ans du fait de prix faibles et stables, décourageant tout concurrent. Il tomba toutefois en 1911 sous le coup de la loi antitrust américaine donnant naissance à 34 sociétés desquelles ont émergé trois grands majors : Esso, Mobil et Chevron. La dissolution de la Standard Oil marque la fin de la stabilité des prix : de 1916 à 1920, le prix du brut quintuple.
Si aux États-Unis la surpuissance de Rockefeller commence au début du XXe siècle à être ébranlée par l'apparition d'autres majors tels que les texans Gulf et Texaco, il en va de même dans le reste du monde. British Petroleum et Royal Dutch Shell prennent au même moemnet leur envol en s'installant en Iran et en Indonésie notamment. Le coût d'approvisionnement s'en trouve réduit. Toutes les sociétés adoptent le principe d'une structure intégrée de l'exploration à la commercialisation pour minimiser les risques.
La pratique du cartel, à savoir l'association d'entreprises indépendantes en vue de contrôler la concurrence et le marché, fait son apparition en 1928. L'objectif est de mieux contrer l'arrivée de concurrents, d'ajuster la production à la demande et d'éviter la fluctuation des prix. En à peine deux ans, le cartel contrôle plus de 85 % de la production pétrolière non américaine et permet aux prix de se stabiliser entre 1 et 2 $ le baril pour les quarante années à venir.
L'essor du secteur
La demande en produits pétroliers n'a cessé de croître notamment avec l'émergence des marchés de l'automobile (introduite dès 1880 en Europe), de l'aviation et de la pétrochimie. Le pétrole se substitua aux autres énergies en raison de sa grande compétitivité et de sa facilité à être transporté. En 1930, les États-Unis n'en consomment pas moins de 130 millions de tonnes, contre moins environ un milliard de tonnes aujourd'hui. Au lendemain de la seconde guerre mondiale la production pétrolière aura été multipliée par huit.
Des innovations technologiques en matière d'exploration (sismique à trois dimensions) ou de forage (forage horizontal, fracturation du réservoir et récupération assistée) permettent d'accroître encore la productivité des puits d'un facteur de 3 à 5. De même, les recherches sur les écoulements polyphasiques en mer devraient permettre une réduction de 30 à 50 % des charges d'investissements : pétrole, gaz et eau seront envoyés du gisement vers la côte sans être séparés au préalable.